Lundi Harold commence enfin à s’extirper du coma, il ouvre les yeux par intermittence, grimace, s’affole et c’est insupportable de le voir ainsi attaché, tentant de se débattre avec le peu de force qui lui reste.
Le lendemain on lui enlève son respirateur artificiel et Harold amorce l’ébauche d’un sourire en nous voyant entrer dans sa chambre et bien qu’il plonge rapidement dans un état semi-conscient, nous sommes rassérénés, gonflés d’espoirs pour la suite…
Seulement le lendemain matin, Harold est pris de convulsions : ses yeux sont révulsés, sa bouche est secouée de spasmes. Je prends peur, le signale plusieurs fois aux infirmières mais je me heurte à une presque totale indifférence. « Il n’y a rien d’urgent », m’assurent-elles.
Vient enfin la tournée des internes qui lui administrent deux doses de valium mais les convulsions ne cèdent pas. Un autre anti-épileptique plus puissant parvient à espacer puis à éradiquer les crises.
Mais le cauchemar ne fait que commencer : Harold ne réagit à aucune stimulation visuelle ni auditive. Il passe l’après-midi entière à fixer le plafond, prostré. Notre détresse n’a d’égale que l’inquiétude des médecins devant les résultats de son premier électro-encéphalogramme. Une IRM est aors planifiée pour la fin de la journée. Ce qui nous laisse le temps d’imaginer le pire.
En début de soirée, une interne nous annonce que l’IRM révèle de nombreuses lésions cervicales. Les termes exacts du rapport écrit sont les suivants : « Anomalies de signal en bandes du cortex médian des hémisphères cérébelleux », du chinois pour des novices comme nous…Nous voulons comprendre, nous voulons savoir concrètement les conséquences pour Harold, ne pas être épargnés. Mais nous sommes à la merci du bon-vouloir et des bons-savoirs des blouses-blanches qui dans la rétention d’information s’avèrent être des pontes…
Le problème reste que le cerveau demeure le plus mystérieux de nos organes. Avec le même IRM deux enfants peuvent évoluer complètement différemment : l’un peut rester très handicapé à vie quand l’autre s’en sortira indemne. C’est le paradoxe de la plasticité du cerveau. Seulement ils s’accordent à dire que l’état d’Harold, à ce moment-là, n’est pas un bon présage…
Cette nuit-là nous sombrons dans le sommeil et dans tous les sens du terme.
C’est terrible de voir votre frimousse d’ange comme ça….Terrible. Je pense à votre petit Harold très fort. Et à vous aussi. Je vais prendre des news par maman.
De gros baisers à tous.
Mon copain Theodore il faut que tu sois tres fort pour ton petit frere. Je t’envoie plein de bisous, de calins et d’amour que tu pourras lui donner!
Ma Mummy et mon Papa sont tout le temps derriere leur ordinateur pour avoir des nouvelles et pensent tout le temps a vous 4. Comme vous l’ecrivez, le cerveau reste mysterieux donc restons optimiste! Nous sommes avec vous.
Plein de bisous.