Ce matin Théodore, avide de sentir sur ses petites papilles gustatives son dentifrice à la grenadine (je ne suis pas dupe), me réclame sa brosse à dents :

« sadent, maman » me dit-il avec son sourire enjôleur.
« bien sûr mon chéri ». Et je la lui donne en croyant bon de rajouter:
« on dit merci maman »
Sa réaction ne se fait pas attendre:
« Bravo maman ». L’encouragement m’a l’air sincère mais ce n’est pas exactement ce que j’attendais.
Alors bien sûr je réitère ma sommation:
« on dit merci maman »
« woilà, bravo maman » et il associe le geste à la parole.
Alors que je suis sur le point d’abandonner la partie, le dieu de l’éducation s’adresse à ma conscience pour me rappeler mes devoirs éducatifs :
« Non Isaure, tu ne dois pas céder à la facilité afin qu’il t’obéisse et te respecte » et la petite voix de rajouter, perverse, : « en plus tu n’as pas d’excuses, tu as le TEMPS »
Donc, armée de mes principes, je récupère la brosse à dents et j’explique calmement et fermement la règle à mon fiston…qui renouvelle ses félicitations, les yeux plein de candeur.

Et de reprendre tout à zéro, sans se départir de son sang-froid.

Ce cirque a bien duré une heure et s’est soldé par un echec cuisant pour la mère. Résultat :Théodore ne s’est pas lavé les dents et j’ai perdu une heure et un peu de crédibilité. La prochaine fois, je me contenterai d’un « bravo maman ». Non mais c’est quoi ces principes à la c…!!
(Il faut préciser que Théodore est tout à fait capable d’articuler le mot en question. Il nous l’a déjà prouvé. D’ailleurs c’est un vrai perroquet en ce moment et ses progrés de langage sont vertigineux. Bravo Théodore!!)